Cette semaine, j’ai consulté une collègue et amie d’université, Stéphanie, qui travaille dans un centre hospitalier spécialisé en santé mentale. Son quotidien peut être bien différent de celui de collègues œuvrant en milieu hospitalier plus « traditionnel ». C’est pourquoi j’ai demandé à Mathilde de nous parler du volet adulte dans les hôpitaux! Son témoignage parle également des centres de réadaptation, mais je vais concentrer ses réponses ici. Bonne lecture!
Quelles clientèles et/ou problématiques rencontres-tu?
S: Je travaille avec des enfants et adolescents âgés entre 6 et 18 ans, présentant une problématique de santé mentale ou des difficultés comportementales/émotionnelles les ayant amenés à consulter en pédopsychiatrie. La clientèle avec qui je travaille au quotidien présente non seulement des difficultés de communication, de langage ou d'apprentissage, mais aussi des difficultés neurodéveloppementales comorbides (ex. déficit de l'attention/hyperactivité, trouble développemental de la coordination/dyspraxie, syndrome Gilles de la Tourette) ou des problématiques touchant la santé mentale (ex. un trouble anxieux, dépressif, psychotique, de comportement, lié à l'utilisation).
M: Les clientèles sont variées: aphasie, dysphagie, maladies dégénératives, trouble craniocérébral, troubles de voix, troubles de fluidité.
Comment décris-tu ton milieu (horaire, collègues, patron, journée typique, etc.)?
S: L'horaire est du lundi au vendredi, de jour. Je suis responsable de mon horaire. Nous travaillons dans une équipe riche en expertise et en expérience, axée sur les données probantes et sur le travail interdisciplinaire. Un exemple de journée typique pourrait inclure une rencontre d'évaluation (environ 1h30-2h00), une séance d'intervention (environ 1h00-1h30), la rédaction des notes d'évolution, quelques appels avec des partenaires externes et un peu de rédaction de rapport.
M: Trois mots: entraide, collaboration et écoute. Nous devons beaucoup travailler en équipe (physiothérapeute, ergothérapeute, nutritionniste, médecin, proches, etc). L’horaire est régulier d’environ 8h à 16h. Le patron est un gestionnaire pour l'ensemble des professionnels de l'équipe de réadaptation physique. Une journée typique consiste à voir des clients externes avec rendez-vous prévus et des patients hospitalisés qui sont imprévus.
Quels sont les plus grands défis du milieu?
S: Le plus grand défi du milieu est la complexité de la présentation clinique des patients, de même que les problématiques systémiques qui se sont installées au fil des années dans les milieux familiaux ou scolaires autour des patients. Le rôle de l'orthophoniste en pédopsychiatrie est non seulement d'identifier les difficultés de communication, de langage ou d'apprentissage, mais aussi d'explorer et de définir le lien entre ces difficultés et la problématique de santé mentale, à savoir dans quelle mesure ou comment ça contribue à exacerber la problématique/les difficultés comportementales-émotionnelles.
M: Les imprévus! (ex. au début de la journée, tu ne sais jamais à quoi t'attendre!). La détérioration de certains patients en raison de leur condition de santé. La rapidité nécessaire pour les prises en charge et actions professionnelles (ex. rapport à rédiger le plus rapidement possible, médecin à contacter pour tenir au courant des résultats, patient à évaluer rapidement pour réintégrer l'alimentation orale dès que possible, etc).
Qu’est-ce qui t’attire dans ce milieu?
S: La richesse du raisonnement clinique, la complexité des dossiers, la contribution interdisciplinaire, la flexibilité des prises en charge, les changements observés au sein des familles après une intervention.
M: L'imprévisibilité qui nous amène à développer une grande capacité d'adaptation et un lâcher-prise! L'intervention auprès des aînés qui occasionnent des rencontres enrichissantes, des moments touchants avec des personnes ayant du vécu à partager, une façon de briser l'isolement des personnes âgées en les orientant vers les services appropriés et leur partager des méthodes pour favoriser leur participation sociale (ex. patient aphasique). L'étroite collaboration avec les autres professionnels de la santé.
Un énorme merci à mes deux collègues qui ont accepté de répondre à mes questions. Le milieu hospitalier est définitivement bien différent du scolaire! Je vous invite à suivre Mathilde sur sa page Facebook; elle partage des conseils et des trouvailles en lien avec l’orthophonie chez les petits (Mathilde Favreau orthophoniste). À la semaine prochaine pour le dernier milieu à découvrir!
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